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En 2012 Sophie Levavasseur rejoint les cours du soir d’artCONTEXTE+ que j’anime depuis de nombreuses années. Elle commence alors à développer un travail plastique autour du signe, de l’écriture et du graphisme.

Ses recherches visuelles s’articulent sous diverses formes : peinture, dessin, collage mais aussi sur divers supports : papier, toile et ardoise d’écolier.

 

L’ardoise dans sa démarche n’est-elle qu’un élément plastique concentrant en un seul objet support et cadre ou peut-on y voir une démarche plus profonde liée à l’enfance et à  son métier d’institutrice ? Je laisserai à chacun sa propre interprétation.

Bien sûr, le support ardoise n’est pas une première dans l’histoire de l’art, pendant la seconde guerre mondiale, la pénurie de toiles engage l’artiste abstrait Alberto Magnelli  dans la série de ses ardoises gouachées et collages, dont plusieurs sont désormais dans les collections du Musée National d’Art Moderne au centre Pompidou à Paris.

Dans la série «la mémoire insoluble » Jacques Villeglé réalisait entre 1998 et 2008 un ensemble de 237 ardoises d’écolier recouvertes de ses alphabets socio-politiques.  

L’artiste Fluxus Ben Vautier faisant feu de tout support investira souvent des ardoises de sa fameuse écriture reconnaissable entre mille.

Fabien Verschaere utilise également l’ardoise dans ses créations fantasmagoriques.

Hervé Leforestier quant à lui transforme dans ses « autoportraits à l’ardoise » cet outil présumé innocent en autant d’armes à slogans.

 

L’œuvre naissante de Sophie répond à une sorte d’automatisme de l’urgence où l’art pictural est avant tout chez elle un véhicule relationnel plutôt qu’une démarche conceptuelle. Ses ardoises, petits objets d’une naïveté singulière sont en fait un vecteur à  une esthétique du lien.

 

Après une première exposition de ses travaux à la médiathèque d’Agneaux, Sophie me demande ainsi  qu’à son oncle le peintre Janladrou de lui réaliser chacun un travail sur une ardoise vierge.

 

En voyant ces deux petites pièces réunies, je suggère à Sophie de monter une petite collection en invitant d’autres artistes à en réaliser. Je lui donne alors quelques adresses d’artistes à contacter et la conseille sur la façon d’aborder son projet. C’est ainsi que le projet « Les ardoises de Sophie » voit le jour.

 

En aidant Sophie dans la réalisation de cette entreprise, mon but était essentiellement pédagogique, je voulais qu’elle comprenne comment constituer une collection cohérente, qu’elle se penche sur les démarches de tel ou tel artiste, pourquoi inviter celui-ci plutôt qu’un autre, bref avoir une démarche intellectuelle face à l’art.

 

Mais c’était sans compter sur la personnalité de Sophie, sans sa fougue de l’instant, sans son impatience de petite fille. Sophie aborde l’art non pas dans une approche analytique, historique ou sociologique mais sur un mode relationnel.

 

Grace à internet, aux réseaux sociaux et au bouche à oreille Sophie a démarché une multitude de personnes, de l’artiste de renommée internationale au peintre du dimanche, de l’artiste reconnu au peintre amateur. L’important pour elle étant l’échange humain.

 

Certains artistes sollicités n’ont pas répondu, quelques uns ont refusé mais beaucoup ont pris part au projet et c’est ainsi qu’actuellement la collection des « ardoises de Sophie » comprend plus de 200 ardoises de près de 200 artistes français et étrangers. Tous ces travaux ont un support en commun mais l’ensemble forme un melting-pot de petites singularités.

 

La collection de Sophie va continuer à s’enrichir, mais l’autre étape du projet est de l’exposer dans son intégralité ou par fragments selon les lieux, de la faire voyager en France et en Europe, de faire se rencontrer les artistes, le public en autant d’autres petites histoires singulières.

 

 

Alain Buhot

Artiste plasticien

Tourlaville, le 8 mars 2014

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Les ardoises de Sophie

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